Sébastien Genesca succède à Yves Reding qui prend sa retraite après 22 années d’engagement au service de la confiance dans le numérique

Sébastien Genesca, CEO, EBRC

Durant plus de deux décennies, Yves Reding n’a cessé de poser les conditions de confiance nécessaires pour permettre aux acteurs économiques d’évoluer à l’ère digitale. En cette rentrée 2022,  le CEO historique d’EBRC passe la main à Sébastien Genesca. L’occasion d’un échange croisé, autour de l’histoire du leader européen de la gestion de la donnée sensible et des enjeux d’avenir. 

Yves Reding, avec votre départ à la retraite, c’est une page historique de l’histoire d’EBRC qui se tourne. Quel bilan tirer de ces 22 années passées à la tête de l’entreprise ?

Yves Reding : Celui d’une aventure entrepreneuriale extraordinaire, au service des acteurs appelés à évoluer dans un environnement numérique en développement. Je me souviens encore du 15 juin 2000, quand nous avons porté EBRC sur les fonts baptismaux. A l’époque, la société s’appelait BRC, pour Business & Recovery Center et entendait offrir des positions de secours aux acteurs de place financière, dans le but de garantir la continuité de l’activité. J’ai accepté le challenge qui m’était proposé de développer cette activité, qui impliquait des investissements conséquents avec la création d’un premier data centre. Très vite, alors que l’on entrait de plain-pied dans l’ère numérique, nous avons été mobilisés sur des projets e-business, offrant son « E » à « EBRC ».

Quelles ont été les grandes étapes du développement de l’activité ? 

Yves Reding : On peut distinguer cinq grandes périodes de cinq années. La première a été celle du lancement, le développement d’une activité en mode start-up, au service de clients bancaires. Entre 2000 et 2005, nous avons posé les fondations, en misant déjà à l’époque sur la qualité et un haut niveau de service. En 2003, nous étions le troisième acteur de la Place à obtenir le statut de PSF de support, peu de temps après le lancement de cette reconnaissance. Sur cette période, nous avons développé un deuxième data centre, mis sur pied notre offre de managed services, créé un premier Security Operation Center. C’est à cette époque que nous avons lancé notre première offre de managed services. En 2003, nous lancions le chantier de construction du premier Data Center Tier IV, alors que le label n’existait pas encore. Nous l’avons anticipé, nous fixant pour ambition de pouvoir répondre au plus haut niveau d’exigence des grands acteurs internationaux en matière de disponibilité. L’inauguration de cette infrastructure, à Windhof, marque le début de la deuxième grande période de développement d’EBRC.

Comment EBRC a-t-il évolué par la suite ?

Yves Reding : Cette deuxième grande période est marquée par l’internationalisation de l’activité. Le nom évolue, pour devenir e-Business & Resilience Center. Au-delà de la reprise d’activité, nous avons adopté un état d’esprit d’agilité permanente face au changement, avec la volonté d’aider nos clients à évoluer plus efficacement dans un monde qui change, à mieux anticiper les risques et saisir les nouvelles opportunités. L’inauguration de notre 4e Data Center, lui aussi certifié Tier IV, à Kayl, marque le début de la troisième période. On prend alors conscience de notre responsabilité sociétale et environnementale en tant qu’acteur du numérique. Cela se traduit par l’adoption d’un nouveau logo, l’INUKSUK en tant que symbole inuit de la résilience, et l’adoption des valeurs EARTH (Excellence, Agility, Responsibility, Trust & Human). Cette nouvelle installation se distingue par sa faible consommation en énergie et le recours au renouvelable. Encore aujourd’hui, les clients peuvent réduire leur empreinte carbone en confiant la gestion de leur IT à nos équipes. Le principe d’excellence se traduit à travers un ensemble de certifications (ISO 27001, ISO 20000, PCI DSS) engageant les équipes dans une démarche d’amélioration continue. Puis nous avons mis ces valeurs en application, en lançant notre premier cloud et un ensemble de services « Trusted ». C’est une époque fantastique, marquée par l’innovation, avec notamment l’accompagnement de nombreuses start-up et d’acteurs de l’économie numérique émergents : Olkypay, FlashIZ, Yapital… 

A partir de quel moment l’actuel positionnement européen s’est-il affirmé ?

Yves Reding : En 2012, nous inaugurons un nouveau Data Center à Betzdorf. EBRC devient European Business Reliance Center, « le centre européen sur lequel on peut se reposer ». En quelques années, de « secret le mieux gardé d’Europe », comme on nous qualifiait à « acteur européen, leader dans le domaine de la donnée sensible ». De 2010 à 2015, fiers des valeurs européennes qui nous animent, nous avons développé un écosystème fort, permettant aux acteurs européens de s’inscrire et d’évoluer dans l’ère numérique. Au service de ces ambitions, nous avons poursuivi notre croissance, en développant notre présence en France, en renforçant notre offre de sécurité ainsi que dans le domaine de la résilience. Notre prise de participation dans DIGORA, acteur spécialisé dans la valorisation de la donnée, est aussi à souligner. Elle nous a permis d’évoluer dans les couches supérieures de création de valeur. 

Aujourd’hui, que représente EBRC ?

Yves Reding : Entre 2015 et 2020, nous nous sommes fixé pour ambition de doubler le chiffre d’affaires, le nombre de clients, mais aussi le staff. Nous avons relevé ce défi, et ce malgré la crise du COVID qui nous a frappé en 2020. En 2021, EBRC réalisait un chiffre d’affaires supérieur à 113 millions d’euros, avec 800 clients et près de 200 collaborateurs (360 en intégrant les équipes de DIGORA).

Sébastien Genesca : Au-delà de cette croissance, on peut aussi saluer une diversification remarquable de l’activité. Si EBRC a été créé pour servir avant tout le secteur financier, l’entreprise répond désormais aux enjeux de nombreux acteurs dans des domaines variés, ayant tous en commun la nécessité de gérer et d’opérer des données sensibles. Aujourd’hui, la finance représente 30% de la clientèle d’EBRC, avec notamment 40 fintechs dont les activités sont opérées par nos équipes et dans nos environnements de production. Nous servons aussi les institutions européennes et les secteurs de la santé, de l’industrie critique, du spatial, de l’automobile, du paiement ou encore de la défense. 

Vous évoquez le COVID, mais ces 20 dernières années ont été marquées par de nombreuses crises. En tant qu’acteur prônant la résilience, comment les avez-vous traversées ?

Yves Reding : Derrière chaque crise, il y a des opportunités. Nous en avons traversé plusieurs – l’explosion de la bulle Internet, les attentats du 11 septembre, la crise financière de 2008, la crise monétaire, puis la pandémie. Malgré l’incertitude, nous avons continué à investir au cœur de ces crises, en développant nos centres de données, sans jamais faire de compromis sur la qualité et la sécurité, en maintenant un service de proximité, sur mesure, avec nos clients. Cette approche nous a permis de continuer à croître au fil des crises. Pour l’Europe, le COVID a constitué une opportunité. Elle a pris conscience de l’exigence de garantir notre souveraineté dans de nombreux domaines, parmi lesquels le numérique. EBRC adhère et prend part aux initiatives de l’Union européenne à la suite de ce « réveil » des dirigeants : le Data Governance Act, la NIS, le Cybersecurity Act, l’Intelligence Artificial Act et certainement la plus ambitieuse de toutes : GAIA-X. 

EBRC s’apprête à débuter une nouvelle ère, avec un changement de direction et la prise de fonction de Sébastien Genesca. Quels sont les enjeux pour l’avenir ?

Sébastien Genesca : Il faut avant tout saluer ce qui a été accompli au cours des 20 dernières années, par Yves et ses équipes. Nous allons poursuivre ce travail, dans le respect de la vision établie, qui a démontré toute sa pertinence dans un monde qui évolue toujours plus rapidement. Dans cette optique, un des enjeux est de s’appuyer sur les solides fondations en place, que sont les infrastructures mais aussi les modèles opérationnels robustes et certifiés, pour monter dans les couches supérieures et développer de la valeur. Dans les années à venir, il s’agit d’être davantage dans le conseil, pour mieux accompagner des projets de transformation globaux, permettre à nos clients de tirer davantage de valeur de leurs données tout en les préservant. 

Yves Reding : Dans le monde numérique, le futur, c’est déjà maintenant. Comme l’a évoqué Sébastien, l’enjeu est d’aller vers les couches hautes des environnements systèmes. Notre investissement dans GAIA-X, à la fois réel hub de confiance et infrastructure de données à l’échelle européenne, contribue à cette démarche. Ce nouvel environnement, conçu dans le respect des valeurs européennes, se caractérise par son ouverture, son interopérabilité, sa transparence, le respect de la régulation, la souveraineté et la sécurité, autrement dit ce que nous prônons depuis de nombreuses années. Un marché digital unique européen se consolide progressivement. C’est, pour EBRC, une réelle opportunité.

Sébastien Genesca : La donnée est le principal vecteur de création de valeur de l’économie numérique. Sa maîtrise est critique. Avec notre positionnement autour de la donnée sensible, nous entendons accompagner les acteurs dans sa gestion, sécurisation et valorisation, avec des services personnalisés à haute valeur ajoutée. L’utilisation de la donnée est appelée à être davantage régulée, pour garantir une utilisation éthique, respectueuse de chacun, ouverte et transparente. Nous sommes là pour conseiller le client vis-à-vis de ces changements, de leurs implications et, plus que jamais, pour garantir la confiance de chacun dans le numérique.